Le camp international de Corvol

C’est en 1957…

C’est en 1957 que nous avons commémoré pour la première fois l’ouverture du foyer Ika. C’était alors le l0ème anniversaire, et pour le fêter, le SKIF décida d’organiser, en plus de la colonie d’été qui occupait le château, un grand camp international des Faucons Rouges dans le parc.

Je me souviens encore des invitations lancées et de notre déception quand deux délégations seulement ont confirmé leur venue : un groupe d’Autrichiens de la région de Linz et un groupe de Danois de Glostrup, banlieue de Copenhague.

1957. Secrétariat du camp international à Corvol, Henriette Mandelcwajg, Jacqueline Gluckstein, et la responsable de la délégation danoise.

Il fallait donc se mettre au travail ; et justement, ce sont les travaux d’installation du camp qui nous ont laissé à tous les meilleurs souvenirs.

A l’époque, le fond du parc ressemblait à une jungle touffue et les communs étaient en piteux état. Et c’est là qu’on devait créer des structures capables d’accueillir et de nourrir, pendant une douzaine de jours, cinquante personnes environ, sans gêner la colonie.

Avec enthousiasme, on a donc nettoyé, réparé, repeint une partie des communs pour y installer les centres vitaux du camp : le secrétariat et la cuisine. Dans le
parc, on a déplacé et aplani le terrain où seraient plantées les tentes. Mais le plus difficile et le plus long ce fut... la construction des latrines ! Coups de pioches, coups de marteau, chants révolutionnaires à pleins poumons, on finit par en venir à bout. Après quinze jours de travail ininterrompu dans une ambiance formidable, tout était prêt.

1957. Beaucoup de blonds dans la délégation danoise !

Du camp lui-même il ne me reste que quelques images :

  • le Maire de Corvol l’Orgueilleux qui participe en personne à l’inauguration et Jacqueline qui prononce, en yiddish, le discours d’ouverture.
  • les énormes rassemblements de jeunes, devant le château, camp et colonie confondus, pour des chants et des danses, surtout pour applaudir les danses tyroliennes de nos amis autrichiens.
  • les Danois, blonds et sportifs qui, bien avant la mode du jogging, passaient tout leur temps libre à courir, même pendant la sacro-sainte
    sieste !

Et pour conclure, deux souvenirs encore :

1957. On fait la queue pour manger.

  • tout d’abord, la visite d’un journaliste qui s’étonne de nos méthodes pédagogiques, du fait que les adultes sont des « aides » et non des moniteurs ;
  • et enfin le dépôt d’une gerbe au Monument aux Morts de Çorvol, en présence des habitants du village, des notables devant lesquels Jacqueline provoque presque un scandale en évoquant les milliers de Monuments aux Morts semblables érigés dans les villages d’Allemagne ! En 1957, c’était peut-être trop tôt pour les réconciliations.

Henriette Bagès