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L’Internationale de l’Éducation Socialiste à l’épreuve du nazisme et de la guerre

Le Secrétariat de l’Internationale de l’Éducation Socialiste et toutes les archives qui se trouvaient à Paris au moment de la guerre disparurent. En même temps, Dyno et Mara Löwenstein qui géraient les affaires du Secrétariat après la mort de Kurt Löwenstein, réussirent à s’enfuir aux États-Unis pendant l’occupation.

Henri Fair, le responsable anglais, restait seul à Londres, avec Willi Hoeke comme correspondant à Bruxelles, à essayer, tant bien que mal de maintenir des relations internatio-
nales avec les organisations encore existantes. [1]

Après la libération de la Belgique, les membres du Secrétariat de la S.E.I. (Fair, Hoeke) et le Président Jean Nihon, décidèrent de convoquer une Conférence internationale à Paris les 20 et 21 octobre 1945 ; cette Conférence eut lieu avec les représentants de la Belgique, de la Suisse, de l’Autriche, de la France, de la Tunisie et de l’Allemagne, alors même qu’Henri Fair et Willi Hacke se voyaient refuser leurs visas elle décida, entre autres, de réaliser une semaine internationale d’études en septembre 1946 en Suisse, d’organiser un camp international d’enfants à Brighton en Juillet-Août 1946, de resserrer les liens avec les organisations danoise et hongroise, de compléter le Bureau de la S.E.I. par Walter Vollenweiter, responsable de l’organisation suisse à Zurich.

Lors de cette Conférence, les organisations de Belgique, Angleterre, France ( Faucons Rouges et Faucons Rouges SKIF ), Suisse, Autriche, Allemagne, Pologne-SKIF, réaffirmèrent leur adhésion à la S.E.I. quant aux organisations des pays scandinaves et nordiques, leur adhésion se fit avec plus de réticence, tandis que les Pays-Bas, le Danemark et la Suède la refusait franchement, jugeant la S.E.I. trop politisée.

Une nouvelle fois, l’Organisation internationale de l’Éducation , comme celle de la Jeunesse socialiste , est prise en tenaille entre une aile réformiste, voire apolitique et une aile révolutionnaire qui fait d’autant plus de surenchère qu’elle cherche à se démarquer des mouvements communistes. [2]

Lorsque l’organisation anglaise du " Woodcraft-Folk " organise le premier camp international d’après-guerre à Brighton , elle tente vainement une conciliation avec les organisations hollandaise, suédoise et danoise. Loin d’être découragées par les négociations de Brighton, celles qui se déclaraient partisanes d’une reconstruction de la S.E.I. continuèrent leurs efforts et le Bureau provisoire organisa comme prévu la semaine d’études et la Conférence Internationale de la S.E.I. du 14 au 24 septembre 1946 au foyer Mösli des Amis de l’Enfance de Zurich  ; la participation allemande était vivement attendue mais deux délégués seulement purent s’y rendre : Hertha Kern de Ludwigshafen et Josef Sack de Speyer, [3] les délégués de la zone anglaise et américaine furent éconduits. La Conférence discuta en particulier des statuts de la S.E.I., c’est-à-dire, en fait, du contenu de cette éducation socialiste, de ses liens avec la IIe Internationale .

Finalement, les délégués se mirent d’accord pour proposer à toutes les organisations nationales l’examen des ançiens statuts et pour reporter à l’année suivante le débat final lors de la prochaine conférence prévue à Amsterdam le 10 octobre 1947.

C’est en effet à Amsterdam qu’eut lieu le compromis avec l’installation symbolique en Hollande d’un Secrétariat International des Faucons Rouges qui se donna pour tâches :

  • de réaliser tous les trois ou quatre ans, un camp international,
  • tous les deux ans, une Conférence internationale,
  • un bulletin international devait consigner les activités de l’Internationale " IFS-Bulletin " qui succèdait à l’’’ Aide ’’ et qui fut remplacé en 1955, par le journal " Falcon call ".

En 1952, après cinq ans d’existence, le Secrétariat International des Faucons Rouges éprouva la nécessité de relancer le débat sur le contenu et les formes de la pédagogie des Faucons Rouges. Le débat eut lieu à l’occasion de la Conférence des responsables en Avril 1952 à Zurich les mêmes clivages qu’en 1946 apparurent, entre d’une part, les partisans d’une éducation abstraite, humaniste et même chrétienne, défendue par les organisations scandinaves, et ceux d’une éducation socialiste comprise de la façon la plus large, défendue, entre autres, par les Français, une éducation étroitement liée au Parti comme le concevaient les autrichiens.

Un nouveau compromis finit par être élaboré, il se rapproche de la position scandinave et tranche avec la vocation, malgré tout révolutionnaire, de l’ Internationale de l’Éducation
Socialiste
avant la guerre :

"Nous voulons défendre les droits de l’homme et la tolérance, nous préparons les enfants à vivre dans une société fondée sur ces principes... Nous voulons atteindre, par cette éducation, un idéal de solidarité humaine et accomplir les efforts nécessaires à l’abolition du désordre social et économique présent". [4]

La Quatrième Conférence internationale des Faucons qui eut lieu à Nuremberg en 1953, se dota également d’un nouveau nom l’International Falcon Movment .

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[1Situation rendue difficile par la disparition de l’ I.O.S. après la dernière séance du Bureau qui se tient à Bruxelles en Avril 1940.

[2Exactement comme l’Internationale Socialiste était depuis longtemps incapable de formuler une position idéologique cohérente.

[3aujourd’hui Spire.

[4Heinrich Epp, Wolfgang Uellenberg "70 ans d’existence de l’Internationale Socialiste de la Jeunesse", op. cit.