Archives du Mouvement de la Jeunesse Ouvrière — AJB

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Réunion internationale des 9, 10 et 11 octobre 2009 à Oer-Erkenschwick (Allemagne)

Organisée par l’AJB (Archiv der Arbeiterjugendbewegung) et intitulée :

"Neue Wege zum Sozialismus in einem neuen Europa ?
Die Falkeninternationale und ihre Mitgliedsorganisationen
in den ersten zwei Nachkriegsjahrzehnten. "

(Nouvelle approche vers le socialisme dans une nouvelle Europe ?
L’Internationale des Faucons et ses organisation membres au cours des deux premières décennies d’après-guerre")

Journées au cours desquelles sont intervenus :

  • Uwe Ostendorff, Secrétaire général de l’IFM-SEI de 2001 à 2007.
  • Andrew Flinn, maître de conférences à l’Université College de Londres.
  • Meidan Ben-Ami, organisation Hashomer Hatzaïr, Israël.
  • Michèle et Henri Bérenguier, France.
  • Barbara Klatzek, vice-présidente des Jeunesses Socialistes d’Allemagne - Die Falken.
  • Wolfgang Uellenberg-van Dawen, président de l’Association de soutien aux Archives de la jeunesse ouvrière (AJB).

Ces notes rédigées rapidement à la demande du Centre Medem - Arbeiter Ring par Constance, doctorante en histoire, accompagnées d’informations tirées de la thèse de doctorat d’histoire de Liliane Guignard-Perrein, Les Faucons rouges, 1932-1950 ne constituent pas les "Actes" des journées.

Il nous a semblé intéressant de publier ce compte-rendu prolongeant un travail mené à l’EHESS par Constance Pâris de Bollardière, en partenariat avec le Centre Medem - Arbeiter Ring sur le Jewish Labor Committee

Présentation des archives 

Les archives du mouvement des Faucons rouges ont été créées en 1982. Elles sont installées dans le bâtiment Salvador Allende, qui abrite les locaux des Faucons rouges de la région (Westphalie) ainsi que des salles de réunion pour des congrès de syndicats et des formations de Faucons rouges. C’est un lieu de réunion assez connu au sein de la social-démocratie allemande. Le site Internet du lieu est : http://www.allende-haus.de/

Ces archives sont majoritairement consultées par des chercheurs, mais servent aussi à informer les membres actuels des Faucons rouges allemands sur l’histoire de leur mouvement. 650 personnes sont membres de ces archives, dont beaucoup d’anciens Faucons.

La majorité des documents concerne les Faucons rouges allemands, autrichiens, anglais (les Woodcraft Folk) et scandinaves. Il y a peu sur les Faucons Rouges français, sur le SKIF et sur le mouvement suisse.

Lors de cette rencontre, un film a été projeté, réalisé par l’organisation des Faucons rouges d’Hambourg. Ce film présente le camp de 1952 à Augsbourg où 6 000 Faucons ont été rassemblés. Il s’agit de la première République à si grande échelle avec tant de nationalités. Les participants étaient répartis en plusieurs groupes de trois nationalités différentes.

Ce camp, organisé en Allemagne, représentait un symbole de changement dans l’après-guerre. Lorenz Knorr [1], alors président du camp, était présent le jour de la projection. Il a rappelé que le SKIF avait refusé de venir à cette République en Allemagne, bien qu’il ait tenté de le convaincre. Il ajoute toutefois ne pas avoir ressenti de réserves à l’égard des Allemands de la part des participants lors de cette République de 1952. Les Faucons semblaient à nouveau ouverts à la coopération internationale, et donc aux contacts avec l’Allemagne. Les Suédois, en revanche, étaient toujours inquiets. En général, les Scandinaves étaient moins politisés que les autres, ils craignaient l’endoctrinement et insistaient davantage sur les valeurs démocratiques plutôt que socialistes.

En ce qui concerne la pédagogie, Lorenz Knorr a rappelé l’importance de l’autogestion et de la coéducation entre filles et garçons, alors très critiquée par l’Église catholique. Dans cette période d’après-guerre, on insistait davantage sur l’individu que sur le groupe. Lorenz Knorr nous a informés dans une réponse à une question lui étant adressée que la différence entre les Faucons Rouges et les pionniers communistes réside dans le fait que ces derniers suivent la pédagogie Makarenko [2].

Historique des mouvements Faucons Rouges 

Le mouvement des Faucons rouges débute en Autriche en 1925. Il émane du mouvement d’enfants Kinderfreunde, créé en Autriche en 1908. La pédagogie avant-gardiste de ce mouvement prône la laïcité, l’autogestion et la responsabilité de l’enfant, la mixité dans la coéducation, l’attachement aux valeurs socialistes, et le respect de la nature. Les Faucons rouges se développent en Allemagne grâce au pédagogue socialiste Kurt Lowenstein, qui leur apporte un véritable support théorique et leur originalité en les démarquant du scoutisme [3]. Un mouvement international des Kinderfreunde (puis des Faucons rouges) est mis en place entre l’Allemagne et l’Autriche en 1922 et rassemble d’autres pays européens dans les années 1930.

Les premières Républiques d’enfants ont lieu en 1927, à l’initiative de Kurt Lowenstein. Le mot d’ordre : « Never Again War ». L’on prône alors la coopération internationale afin de prévenir la guerre. Il s’y exprime un désir fort d’obtenir une Europe unie, où l’économie serait au service de la personne. Une Europe pour la paix.

Le premier camp international de grande ampleur a lieu à Draveil, dans la région parisienne, en 1932. C’est d’ailleurs ce camp qui impulse la naissance du mouvement français (cf. article France).

Les mouvements autrichiens et allemands cessent leurs activités dès 1934. Aucun mouvement européen ne peut continuer ses activités durant la Seconde Guerre mondiale. Les Faucons de beaucoup de pays reprennent leurs activités dès 1945, avec très peu de moyens. Le premier camp international d’après-guerre a lieu à Brighton (Grande-Bretagne) en 1946.

Liens avec le parti socialiste 

Les mouvements ont des rapports différents avec le parti socialiste selon les pays. Les Faucons scandinaves sont les plus éloignés du parti, qui est au pouvoir après la guerre. En Europe centrale : en Allemagne, Autriche et Tchécoslovaquie, les Faucons sont en revanche très proches du parti. En France, Belgique et Angleterre, les rapports restent plus ou moins distants. Il est donc très difficile de s’entendre au niveau international sur la question de l’engagement politique. Une conférence internationale sur la question a lieu en 1952, mais aucun accord conséquent n’est conclu. Notons qu’à l’époque, lorsque l’on parle de développement international, on évoque en réalité l’Europe.

Cet attachement aux valeurs socialistes, quelle que soit sa relation au parti, perd de son attrait face à la nouvelle génération des années 1950. Les bouleversements économiques, politiques et sociaux de l’époque sont ressentis dans l’ensemble des mouvements de Faucons rouges. Ces derniers doivent s’adapter aux nouvelles attentes des jeunes, faute de quoi leurs rangs se resserrent voire éclatent en ce qui concerne le cas français. De manière générale, les membres des Faucons rouges ont évolué socialement dans le même sens que les électeurs des partis socialistes et se situent désormais dans la classe moyenne et non plus ouvrière. L’intégration des immigrés a été négligée un certain temps, notamment dans le cas anglais, mais désormais le mouvement s’ouvre davantage à de nouvelles populations.

Aujourd’hui encore, la question des liens aux partis socialistes n’est pas tranchée. La question de savoir ce qu’est une éducation politique fait ainsi toujours débat au sein de l’Internationale des Faucons.

Les Faucons rouges : eurocentristes et élitistes ?

Le mouvement international des Faucons rouges est-il eurocentriste ? Les différents intervenants de la conférence répondent qu’il l’était jusqu’à récemment, mais que selon les responsables des années 1930-1960, il ne devait s’agir que d’une première étape et que la permanence de cette situation n’était pas voulue. Dans les faits, il y eut quelques liens avec l’Algérie, et quelques jeunes d’autres pays d’Afrique sont venus dans les Républiques, mais sans jamais créer leur propre mouvement. Des contacts ont également eu lieu avec l’Inde dans les années 1960. Seul le SKIF en Australie et au Canada a constitué un mouvement non européen, ce qui est toujours le cas de nos jours en Australie.

Une autre critique à l’encontre des Faucons rouges concerne leur élitisme. Ils n’ont en effet pas désiré incorporer beaucoup d’enfants afin de pouvoir continuer à offrir une éducation de qualité. Les distances prises par le mouvement envers certains partis socialistes n’ont d’ailleurs pas aidé à recruter des enfants de militants. Cependant, des changements de mentalité se sont opérés dans les années 1970. Les groupes ont montré davantage d’ouverture, moins de dogmatisme politique en Europe centrale, ceci dans le contexte d’un accroissement des demandes de financement à l’Union européenne.

Le mouvement des Faucons rouges français a cessé d’exister dans les années 1970. Nous ne savons presque rien sur le mouvement suisse, et personne pour le moment n’a entrepris de retracer leur histoire. Les Faucons rouges sont toujours actifs au Royaume-Uni, en Scandinavie, Allemagne, Autriche, Belgique et République tchèque, en Suisse, au SKIF en Australie, et à l’Hashomer Hatzair, qui a rejoint l’Internationale des Faucons rouges dans les années 1970. Aujourd’hui, le mouvement possède un fort désir d’ouverture et de voyages, mais de nombreux problèmes financiers.

Un résumé de l’histoire de certains mouvements membres de l’Internationale des Faucons rouges est présenté. L’histoire des mouvements suisse, tchèque, et belge n’a pas encore été écrite.

À l’origine, les mouvements autrichiens et allemands 

Le mouvement des Faucons rouges est créé en Autriche en 1925 pour les enfants âgés de 12 à 14 ans. Il émane du mouvement d’enfants Kinderfreunde , créé en 1908 à Graz (Autriche). Le mouvement s’étend au niveau national en 1917 et rejoint le parti socialiste en 1921. Il se développe en Allemagne grâce au pédagogue socialiste Kurt Lowenstein.
En 1934, les Kinderfreunde sont bannis en Autriche. Ils reprennent leurs activités en 1945.

Les Kinderfreunde et les Faucons autrichiens se considèrent comme des membres du parti social-démocrate. Leurs liens sont tellement forts que dans la région de Vienne, depuis 1947, il faut être membre du parti pour rejoindre le mouvement de jeunesse. Néanmoins, depuis les années 1960, l’éducation proposée a tendance à se détacher de l’aspect strictement politique de l’éducation, et cesse d’employer des termes tels que « prolétariat ». Il insiste davantage sur l’ouverture sociale.

Le mouvement Kinderfreunde créé en 1963 des écoles maternelles, toujours en fonction. Ceci fait débat au sein de l’ Internationale des Faucons rouges , car les professeurs de ces écoles doivent être rémunérés, ce qui va à l’encontre d’une de ses caractéristiques fondamentales des Faucons, le bénévolat de ses aides [4].

Les Faucons rouges français : [5] 

Les archives des Faucons rouges français ont disparu pendant la guerre. Il ne reste rien hormis les archives personnelles des anciens Faucons.

Leur histoire a été oubliée, non seulement par manque d’archives, mais aussi sans doute du fait d’une incompréhension entre le mouvement de jeunesse et la SFIO  [6]. Sans doute aussi, car les Français sont étrangers aux formes anglaise et allemande d’éducation en général. Les mouvements de jeunesse sont bien vus dans ces pays, ce qui n’est pas toujours le cas en France.

Les Faucons rouges français, ou Amis de l’Enfance Ouvrière , sont créés en France en 1933, suite au déroulement du camp international à Draveil dans l’Essonne en 1932, organisé par les Faucons allemands et conduit par Kurt Lowenstein [7]. Quelques enseignants français proches du parti socialiste étaient déjà allés à Vienne en 1930 afin de se renseigner sur le mouvement. Le camp de 1932 permet ainsi de présenter directement aux Français la pédagogie spécifique de ces Républiques. Suite à ce camp, la Fédération des Municipalités Socialistes aide à la création des Amis de l’Enfance Ouvrière , sous le patronage indirect et l’aide financière de la CGT et de la SFIO .

Kurt Lowenstein reste le chef d’orchestre du mouvement français jusqu’à 1939. Chassé d’Allemagne par les nazis, il s’installe à Draveil avec sa femme et son fils et y déplace le bureau de l’ Internationale de l’Éducation Socialiste , fondée à Hanovre en 1924. Il meurt d’une crise cardiaque en 1939. Sa femme et son fils obtiennent un visa pour les USA depuis Marseille début 1941.

En ce qui concerne les liens des Faucons français à la SFIO , ceux-ci demeurent assez distants jusqu’en 1936. Bien que partiellement aidés par la SFIO dans les années 1930, les Faucons rouges parviennent à rester politiquement indépendants, et revendiquent une éducation libre, davantage libertaire que doctrinaire. Ils sont davantage liés à la CGT et à son Centre Confédéral d’Éducation Ouvrière , qui partagent la même méfiance à l’égard de l’État et des partis politiques. Les camps sont payés par les membres eux-mêmes, et une aide financière est fournie aux plus démunis. 1936 représente néanmoins un tournant. Suite à la victoire du Front populaire, la SFIO exige que les responsables des Faucons rouges aient la carte du parti, ce qui divise considérablement les aides, dont beaucoup quittent le mouvement.

Des scissions existent en effet entre membres de tendances trotskystes et pacifistes. Ainsi, l’engagement de Léon Blum pour la non-intervention dans la guerre d’Espagne divise les Faucons, qui critiquent souvent l’étroitesse d’esprit de la SFIO . Certains participent aux brigades internationales, d’autres soutiennent le pacifisme à tout prix. Ces divisions reviennent lors des Accords de Munich (1938), aussi bien chez les Faucons qu’au sein de la SFIO . Pendant la Seconde Guerre mondiale, certains vont même jusqu’à collaborer avec les Allemands, le pacifisme qu’ils prônent les ayant perdus et nui au mouvement des Faucons rouges par la suite. D’autres rejoignent en revanche les mouvements de résistance.

Après la guerre, les divisions au sein des Amis de l’Enfance Ouvrière et la collaboration de certains de ses membres n’empêchent pas une reprise des activités. Face aux difficultés matérielles et à l’absence de financement de l’État, les Faucons rouges se tournent naturellement vers le Parti socialiste et tentent de faire davantage connaître leur mouvement, tout en espérant garder leur spécificité. Ils sont toutefois sévèrement contrôlés par la SFIO et les Jeunesses socialistes sous la direction de Guy Mollet [8].

Les Faucons français n’ont jamais été nombreux, mais ont attiré des intellectuels, enseignants et pédagogues tels que Célestin Freinet  [9] . Le mouvement français perdure jusqu’en 1974. Le manque de financement et la concurrence d’autres mouvements créés par Pierre Mauroy tels que les Clubs Léo Lagrange et les Jeunesses socialistes affaiblissent les Faucons dès les années 1960. Une tentative de rassembler ces différents mouvements au sein d’une même organisation est effectuée par Pierre Mauroy, mais en vain, les Faucons refusant de perdre leur indépendance. Dans les années 1970, les Faucons rouges français ne rassemblent plus que quelques centaines de membres et deviennent inconnus des militants socialistes.

En France existe également une section du mouvement juif de l’Internationale des Faucons rouges, le SKIF , qui reste lié aux Amis de l’Enfance Ouvrière jusqu’en 1939, ce qui n’est plus le cas à la reprise des mouvements en 1945. Les deux sections ne sont pas d’accord sur la question des liens aux partis politiques. Pour le SKIF , les enfants doivent être préparés à devenir de futurs militants du Bund .

Le SKIF 

Le SKIF (Socialistisher Yiddisher Kinder Farband) est créé en Pologne en 1926, puis en 1932 à Paris en tant que section des Amis de l’Enfance Ouvrière . Le mouvement juif a toujours été directement lié au Bund , dans le but d’éduquer de futurs militants du parti. A Paris, le SKIF se réunit dans les locaux du Cercle Amical – Arbeter Ring , 110 rue vieille du Temple [10]. Il rejoint l’ Internationale des Faucons rouges en 1934 et participe en France à des camps internationaux. Ainsi en 1938, le camp de Tarnos dans les Landes est l’occasion de rencontrer des pionniers espagnols.

Le SKIF reprend ses activités en France en 1946. Il ne rejoint pas le mouvement français, mais reste affilié à l’ Internationale des Faucons rouges . Cécile Steingart, responsable du SKIF après la guerre, se rend dès 1946 à une conférence internationale à Zurich. Cette même année, 104 skifistes français participent au premier camp international d’après-guerre à Brighton . Lors de ce voyage, ils montent des spectacles à Londres afin de rassembler des fonds pour leurs colonies de vacances. L’année suivante, les spectacles sont rejoués à Amsterdam. La somme rassemblée permet de contribuer [11] à l’achat de leur propre château pour leurs camps. Il s’agit d’une grande propriété située à Corvol l’Orgueilleux dans la Nièvre : le foyer Ika, nommé en hommage à Ika Richter, résistante bundiste de Paris morte d’une crise cardiaque lors de son emprisonnement par les nazis en octobre 1942.

En 1946, les responsables du SKIF refusent de participer au camp organisé en Allemagne. Au lendemain de la Shoah, il n’est pas pensable de s’y rendre. Le SKIF a perdu beaucoup de ses membres pendant la guerre. Si le mouvement parvient à se reconstituer, il tient à conserver son identité juive et ne souhaite pas intégrer le mouvement des Faucons rouge français qui, à l’époque, ne comprend pas ce refus et l’utilité d’un mouvement spécifiquement juif.

En 1947, les Skifistes de Pologne, de Bruxelles et de Paris se rendent à une conférence internationale aux Pays-Bas. L’année suivante, suite à l’arrivée au pouvoir de régimes communistes à l’est de l’Europe, les Skifistes de Pologne et leurs Aides se réfugient à Paris et rejoignent le mouvement. Ce dernier subsiste jusqu’en 1963. Face aux attentes de la nouvelle génération, moins politisée et moins attachée à la Yiddishkeyt, les anciens membres du Tsukunft, le mouvement de jeunes du Bund , créent le Club Laïque de l’Enfance Juive (CLEJ). Le CLEJ reçoit toujours de nombreux enfants dans le château de Corvol, dans une ambiance fraternelle, juive et laïque.

Beaucoup de Juifs d’Europe immigrent en Amérique et en Australie après la guerre. Les bundistes et Skifistes recréent un mouvement à Montréal [12] dans les années 1950 et à Melbourne en 1950, qui existe toujours de nos jours.

L’Hashomer Hatzair :

Cet exposé est particulier, car il traite d’un mouvement qui ne rejoint l’Internationale des Faucons rouges que dans les années 1970. L’auteur de cette étude a surtout parlé du mouvement en Israël, en particulier de l’éducation dans les kibboutzim, ce qui a beaucoup interpellé l’audience. Une courte présentation du mouvement est effectuée ici, sans développer l’histoire de ses sections internationales.

Créé en 1913 en Pologne, l’ Hashomer Hatzair est né de la fusion de deux organisations : la jeunesse de Sion et les scouts juifs. Cette organisation sioniste socialiste est établie par des jeunes eux-mêmes et non par un parti politique. En Palestine, ses premiers kibboutzim sont créés en 1927. Ses membres ont par la suite participé à l’établissement du parti israélien Mapam .

L’ Hashomer Hatzair soutient longtemps la Russie soviétique. Le jour de la mort de Staline, le jour de Pourim, les jeunes de l’Hashomer cessent la fête qui se transforme en jour de deuil.

Le mouvement s’éloigne de l’URSS suite à la guerre des Six Jours et à la vente d’armes par les Soviétiques aux Arabes. Aujourd’hui l’Hashomer Hatzair est de tendance sociale-démocrate et soutient le Meretz en Israël.

Les Woodcraft Folk :

Dans les années 1919-1920 se développent en Angleterre des écoles socialistes du dimanche. Elles ne constituent jamais un mouvement de grande échelle, mais représentent une bonne alternative aux mouvements impérialistes puissants.

Les Woodcraft Folk sont eux créés en 1925, afin de proposer un mouvement de jeunesse opposé au militarisme des scouts, tout en adoptant leur principe des bienfaits des activités de plein air. L’objectif est de permettre aux enfants de la classe ouvrière de se maintenir en bonne santé, ceci dans le but de gagner la lutte des classes, tout en restant indépendant d’un parti politique. Le mouvement souhaite procurer à la classe ouvrière une éducation indépendante, saine et moderne. Le contexte de l’après Première Guerre mondiale influe sur la constitution de ce mouvement, pacifiste, croyant aux vertus du vivre ensemble dans la prévention de la guerre. Les Woodcraft Folk ne s’impliquent donc pas dans la guerre d’Espagne, ce qui est alors très critiqué par les coopératives et le mouvement ouvrier anglais. Ils participent en revanche aux mouvements de protestation contre le fascisme.

Le mouvement de jeunesse du parti travailliste, le Labour League of Youth , connaît dans les années 1920-1930 des problèmes d’infiltration communiste puis trotskiste. Le parti communiste a pourtant eu son propre mouvement de jeunesse, la Young Communist League , créé en 1921. Les Woodcraft Folk , apolitiques, ne connaissent en revanche pas ces problèmes d’« infiltration ». Des communistes peuvent rejoindre leurs rangs dans la mesure où ils ne font pas de propagande pour le parti. Ils apportent au mouvement une ouverture vers l’Europe de l’Est pendant la Guerre froide, mais les tentatives de rapprochement demeurent infructueuses.

Le mouvement anglais obtient depuis sa création de l’aide du mouvement des coopératives et de la guilde coopérative féminine [13]. Ils sont aujourd’hui également aidés par des syndicats. Un de leurs problèmes majeurs est de rester autonome, non pas du parti travailliste, mais des coopératives qui les financent. Après la guerre, le succès du camp de Brighton en 1946 les aide à rester autonomes.

Les Woodcraft Folk n’ont jamais été nombreux. Les jeunes sont en effet, au fil des générations, de moins en moins attirés par le mouvement syndical. Le mouvement anglais, indépendant de tout parti politique, possède une grande liberté d’action. Ceci lui permet dans les années 1960 de participer aux mouvements pacifistes antinucléaires et de recruter temporairement de nouveaux jeunes. Son indépendance politique l’empêche en contrepartie d’obtenir certaines ressources financières et freine son développement. Malgré leur taille réduite, les Woodcraft Folk restent influents au Royaume-Uni.

En Suède, les Unga Örnar (les Jeunes Faucons)

Les Jeunes Faucons suédois sont constitués par de jeunes sociaux-démocrates suédois en 1931. Ils ont toujours été proches du mouvement ouvrier suédois et de l’association éducative des ouvriers.

Des distances ont cependant été gardées avec le parti socialiste pour une raison précise : en Suède, en réaction aux parades nazies, en 1933 il fût interdit de porter un uniforme pouvant indiquer ses idées politiques. Les Faucons suédois refusent alors de ne plus porter leur uniforme commun. Ils décident donc de quitter le mouvement de jeunesse du parti suédois afin de ne plus être accusés de porter un uniforme politique.

Les Faucons suédois se sont reconstruits après la guerre pour devenir à nouveau un mouvement de jeunesse important. Il fonctionne toujours aujourd’hui et est le 5e mouvement de jeunesse suédois par son nombre d’adhérents. En 2006, l’organisation comptait 18.500 membres.

Historiquement, le premier rassemblement d’importance se tint à la veille de la Seconde Guerre mondiale, à Falkenberg, en juillet 1939 avec 2.700 enfants et des délégations norvégiennes et finlandaises. Après la guerre, les Faucons suédois participèrent au camp de Roskilde (Danemark) regroupant 6.000 Faucons. En 1956, un camp se tint à Möindal.

Mouvement mixte d’enfants et de jeunes, lié à la sociale démocratie suédoise, les Unga Örnar défendent les idées de coopération et de solidarité entre les hommes.

Les Faucons rouges par pays 

Autriche Rote Falken 1925 -
Allemagne Rote Falken 1925 -
Royaume-Uni Woodcraft Folk 1925 -
France Faucons rouges 1932 -
Belgique Faucons rouges -
Tchécoslovaquie Pionniers -
Pologne Scouts rouges -
Suisse -
Australie (Melbourne), Canada, Pologne, France
SKIF : 1926 en Pologne,
1932 en France,
1950 en Australie,
1934 en Pologne jusqu’en 1948 ;
France jusqu’en 1963 ;
Australie 
Suède Unga Örnar 1931 -
Finlande Nuoret Kotkat -

Camps internationaux

1932 Draveil France (Essonne)
1933 Ostende Belgique
1935 Verneuil l’Étang France (Seine-et-Marne)
1937 Brighton Royaume-Uni
1938 Tarnos France (Landes)
1939 Wandre Belgique

1946 Brighton Royaume-Uni
1947 Corvol France (Nièvre),
Amsterdam Hollande,
Brighton Royaume-Uni,
Mont-Louis France (Pyrénées-Orientales)
1948 Hollande 
Angleterre
1949 Dobriach Autriche,
Michelstad I. Odenwald Allemagne
1950 Liège Belgique
1952 Augsbourg Allemagne
1953 Longarisse France (Landes)
1954
1955 Oslo Norvège,
Danemark,
1956 Hollande
1958 Vienne Autriche

Conférences internationales (à compléter)

1950 Autriche, Vienne
1953 Allemagne, Nuremberg
1955 Danemark, Copenhague

[1Lorenz Knorr né en 1921 en Tchécoslovaquie de l’époque, a grandit en Allemagne et depuis sa jeunesse était impliqué dans des mouvements de jeunesse ouvrière. Résistant actif pendant le nazisme. Après la guerre, est devenu membre du bureau fédéral des Faucons Rouges allemands et a publié plusieurs livres sur l’éducation socialiste. Il travaille aujourd’hui en tant qu’écrivain. Cf un de ses ouvrages adressé aux Faucons rouges : My way into life.

[2Anton Sémionovitch Makarenko (1888-1939), pédagogue progressiste russe, mondialement reconnu. Il a prôné la collectivité éducative et a travaillé dans les années 1920 dans la colonie Gorki, un centre d’éducation par le travail manuel et scolaire en Ukraine. Il base sa pédagogie non pas sur la réflexion, mais sur l’expérience et l’observation.

[3Liliane Guignard-Perrein, Les Faucons Rouges, 1932-1950, p.27.

[4Les moniteurs du Mouvement des Faucons rouges sont appelés "Aides"

[5Liliane Guignard-Perrein, Les Faucons Rouges, 1932-1950.

[6 Les Amis des Faucons Rouges sont nommés Mouvement de l’Enfance Ouvrière après la guerre. Ce changement de nom va de pair avec leur affiliation à la SFIO .

[7700 enfants participent au camp de Draveil, dont une trentaine de français, cf Liliane Guignard-Perrein p. 186.

[8Guy Mollet, Secrétaire général de la SFIO de 1946 à 1969.

[9 Note du webmestre  : Cette référence à Freinet est pour l’instant… une hypothèse. Elle reste à établir et je suis demandeur de tout texte de Freinet évoquant éventuellement les Faucons rouges. Sur le plan politique, Freinet était jusqu’aux années quarante plus proche du parti communiste que des socialistes. Voir aussi le témoignage de Simone Lacapère.

[10Sauf dans les années suivant la guerre, où ses locaux se trouvent 45 rue Vilin dans le XX°.

[11Le reste de la somme est fourni par le Jewish Labor Committee américain.

[12D’après le témoignage de Rose Zilberg

[13 Co-operative Women’s Guild , fondée à Oxford en 1883, afin de promouvoir le rôle des femmes dans les coopératives. Au XX° siècle, elles se battent pour obtenir des droits d’aide à la maternité.